Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/403

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épaules, je ne m’en soucie pas ; prenez-en, si vous voulez ; pour moi, je n’y toucherai pas du bout des doigts.

Le Canadien se mit à rire, ramassa deux ou trois pépites grosses comme des noix, et les mit dans son sac à balles.

— Sapristi ! fit-il, si je tue quelques Apaches avec cela, ils ne pourront pas se plaindre, j’espère.

Ils sortirent du vallon, dont ils bouchèrent l’entrée avec des quartiers de roc ; puis ils reprirent leurs chevaux et retournèrent au camp, après avoir fait aux arbres des entailles, afin de reconnaître plus tard l’endroit, si jamais les circonstances les amenaient de nouveau en ce lieu, ce que, nous devons le noter à leur louange, ils ne désiraient ni les uns ni les autres.

Le Moqueur attendait ses amis avec la plus grande impatience.

La prairie n’était pas tranquille. Le matin, les coureurs avaient aperçu une petite troupe de visages pâles traverser le del Norte et se diriger vers une colline au sommet de laquelle elle avait campé.

En ce moment, un nombreux détachement de guerre apache traversait à son tour la rivière au même endroit, en paraissant suivre une piste.

— Oh ! oh ! fit Belhumeur, il est évident que ces chiens poursuivent les blancs.

— Les laisserons-nous massacrer sous nos yeux ? s’écria Louis avec indignation.

— Ma foi non ! si cela dépend de nous, reprit le chasseur ; peut-être cette bonne action nous fera-