vertes aux bruits qui viennent d’en haut ; pour eux, hier n’existe plus ; aujourd’hui n’est déjà rien ; demain est tout, parce que demain c’est l’avenir, c’est-à-dire la solution du grand problème civilisateur ; de là ces apparentes contradictions que nos détracteurs ou nos envieux se plaisent à trouver dans nos actions, qu’ils ne veulent pas se donner la peine d’étudier.
Ce que nous avançons ici est si rigoureusement vrai que, peuple essentiellement militaire et conquérant, notre armée n’a jamais été pour nous que l’avant-garde destinée à répandre à profusion les lumières qui font de nous la reine des nations, et nous ont placés dans une situation telle que le monde entier a constamment les yeux fixés sur nous afin de savoir de quelle façon il doit agir.
Les journées se passaient dans le désert à errer sans but à la recherche des Apaches, qui s’étaient faits définitivement invisibles. Parfois, de loin en loin, comme pour les narguer, ils apercevaient un cavalier indien qui venait caracoler à peu de distance de leurs lignes.
On sonnait le boute-selle, tout le monde montait à cheval, et on se lançait à la poursuite de ce cavalier fantastique, qui, après s’être laissé poursuivre assez longtemps, disparaissait tout à coup comme une vision.
Cette vie commençait cependant, par sa monotonie, à devenir insipide et insupportable. Ne voir que du sable, toujours du sable, pas un oiseau, pas une bête fauve ; des rochers grisâtres et pelés ; quelques grands Ahuehuelts, espèces de cèdres aux longues branches décharnées, couvertes d’une mousse