Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/45

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— Votre cheval a un coup de sang, dit-il au bout d’un instant ; laissez-moi faire.

— Oh ! s’écria l’autre, croyez-vous pouvoir le sauver ?

— Je l’espère, répondit laconiquement le premier interlocuteur.

— Caraï ! si vous faites cela, ce sera entre nous à la vie et à la mort. Ce pauvre Negro, mon vieux compagnon de courses !

Le cavalier baigna les tempes et les naseaux du cheval avec un peu d’eau mélangée de rhum ; au bout de quelques minutes, l’animal sembla se ranimer ; son œil voilé et terne devint brillant et il essaya de se relever.

— Tenez-le ferme, dit le médecin improvisé.

— Soyez tranquille. Là, là ! ma bonne bête ; là, Negro, mon garçon, quieto, quieto, c’est pour ton bien, fit-il en le caressant.

L’intelligent animal semblait comprendre ; il tournait la tête vers son maître et lui répondait par des hennissements plaintifs.

Le cavalier, pendant ce temps, avait fouillé dans sa ceinture, et se courbant de nouveau sur le cheval :

— Surtout tenez ferme ! recommanda-t-il de nouveau.

— Qu’allez-vous faire ?

— Je vais le saigner.

— Oui, c’est cela, je le savais ; mais malheureusement je n’osais me hasarder à le saigner moi-même de crainte de le tuer en voulant le sauver.

— Y êtes-vous ?

— Allez.