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Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/133

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videntiellement arrivés au secours du Cèdre-Rouge.

Lorsque le missionnaire s’était séparé du Chercheur de pistes, il s’était rendu, ainsi qu’il en avait manifesté le désir, parmi les Indiens comanches, avec l’intention de leur prêcher l’Évangile, saint devoir que déjà depuis longtemps il avait commencé à mettre à exécution.

Le père Séraphin, par son caractère, la pureté de ses mœurs, s’était fait des amis de tous ces enfants de la nature, et comptait de nombreux prosélytes dans diverses tribus, surtout dans celle de l’Unicorne.

Le voyage était long et fatigant pour se rendre au village des Comanches ; les moyens de transport nuls, dans un pays désert, traversé seulement par les hordes nomades qui errent sans but dans ses vastes solitudes.

Le missionnaire cependant ne se rebuta pas ; trop faible pour monter à cheval, à cause de la blessure que peu de temps auparavant il avait reçue, blessure à peine cicatrisée, il avait bravement, comme les premiers Pères de l’Église, entrepris à pied ce voyage, qu’il est presque impossible d’accomplir à cheval.

Mais les forces humaines ont des bornes qu’elles ne peuvent franchir. Le père Séraphin, malgré son courage, fut obligé de convenir tacitement qu’il avait entrepris une tâche qu’il était trop faible pour mener à bien.

Un soir il était tombé épuisé par la fièvre et la fatigue sur le seuil d’une hutte d’Indiens qui l’avaient relevé et soigné.

Ces Indiens à demi civilisés, et chrétiens depuis longtemps, n’avaient pas souffert que dans l’état de délabrement où la santé du digne prêtre était réduite,