Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/132

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— C’est Dieu qui a voulu que ce qui arrive en ce moment ait lieu, madame, lui dit-il ; à peine débarquée dans ce pays et entrée dans ce désert pour y chercher votre fils, le Tout-Puissant vous impose une tâche qui doit réjouir votre cœur en vous plaçant en face de cet homme.

— Que voulez-vous dire, mon père ? dit-elle avec étonnement.

— Mère de Valentin Guillois, reprit-il avec un accent rempli d’une majesté suprême, regardez bien cet homme, afin de le reconnaître plus tard ; c’est le Cèdre-Rouge, le malheureux dont je vous ai si souvent parlé, l’ennemi implacable de votre fils !

À cette révélation terrible, la pauvre femme fît un geste d’effroi ; mais surmontant, par un effort surhumain, le sentiment de répulsion qu’elle avait d’abord éprouvé :

— Peu importe, mon père ! répondit-elle d’une voix calme ; ce malheureux souffre, je le soignerai.

— Bien, madame ! répondit le prêtre avec émotion ; Dieu vous tiendra compte de cette abnégation évangélique.


XII.

Le Missionnaire.

Nous expliquerons en quelques mots par quel concours étrange de circonstances le père Séraphin, que depuis si longtemps nous avons perdu de vue, et la mère de Valentin Guillois, dont la noble figure n’a fait que passer dans ce récit[1], étaient si pro-

  1. Voir le Grand chef des Aucas, 2 vol. in-12. Amyot, éditeur.