Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/144

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Nous sommes heureux de constater ici que le plus grand nombre de ces hommes dévoués qui se sacrifient avec tant d’abnégation pour propager les lumières appartient à la France.

Et cela devait être. Si les passions mesquines trouvent en France des adhérents, beaucoup plus nombreux sont ceux qui n’obéissent qu’à de nobles instincts et ont fait du beau et du bon le culte de toute leur vie.

L’état du Cèdre-Rouge était grave.

La commotion morale qu’il avait reçue en reconnaissant l’homme que quelque temps auparavant il avait cherché à assassiner, avait déterminé un délire effrayant.

Le misérable, en proie aux plus cuisants remords, était harcelé par les fantômes hideux de ses victimes évoqués par son imagination malade, et qui tournaient autour de sa couche comme une légion de démons.

La nuit qu’il passa fut horrible.

Le père Séraphin, Ellen et la mère de Valentin ne le quittèrent pas une seconde, le veillant avec sollicitude, contraints souvent de lutter avec lui pour l’empêcher, dans le paroxysme de la crise qui le torturait, de se briser la tête contre les arbres.

Étrange coïncidence ! le bandit avait à l’épaule la même blessure que jadis lui-même avait faite au missionnaire, et dont celui-ci avait été forcé d’aller chercher la guérison en Europe, voyage dont il était de retour à peine depuis quelques jours, lorsque la Providence lui avait fait retrouver, étendu au pied d’un arbre et presque agonisant, l’homme qui avait voulu l’assassiner.