Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/155

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les nôtres et venez, je vous en prie, vous asseoir à notre foyer.

La Gazelle blanche rougit de plaisir aux paroles de Valentin, mais, après un moment de réflexion, elle secoua la tête et lui jeta un regard triste en lui répondant d’une voix tremblante :

— Merci, caballero, de l’offre que vous daignez me faire ; mais je ne puis l’accepter : si vous et vos amis êtes assez généreux pour oublier ce que ma conduite a eu de répréhensible à votre égard, ma mémoire est moins complaisante ; je dois, je veux racheter par d’autres services plus efficaces que celui que j’ai pu vous rendre aujourd’hui, les fautes que j’ai commises.

— Madame, reprit le chasseur, le sentiment que vous exprimez vous honore encore plus à nos yeux ; ne résistez donc pas à notre invitation. Mon Dieu ! vous le savez, dans la prairie, nous n’avons pas le droit d’être bien sévères ; il arrive rarement que l’on rencontre des personnes qui réparent aussi noblement que vous l’erreur qu’elles ont pu commettre.

— N’insistez pas, caballero, ma volonté est immuable, dit-elle avec effort en dirigeant un regard vers l’endroit où se tenait don Pablo, il faut que je parte, que je vous quitte à l’instant ; laissez-moi donc m’éloigner.

Valentin s’inclina.

— Votre volonté est pour moi un ordre, madame, dit-il, vous êtes libre ; je tenais seulement à vous exprimer ma reconnaissance.

— Hélas ! nous n’avons rien fait encore ni vous ni moi, puisque notre plus cruel ennemi, le Cèdre-Rouge, nous échappe.