Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/159

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Cet homme, auprès duquel se tenait un cheval, paraissait absorbé par une occupation que ne put comprendre la jeune fille, mais qui l’intrigua vivement.

Bien qu’elle approchât rapidement du lieu où il se trouvait, cet individu ne se dérangeait nullement et continuait impassible ce travail incompréhensible pour la jeune fille.

Enfin elle se trouva face à face avec lui ; alors elle ne put retenir un cri d’étonnement, et s’arrêta net en le regardant avec admiration.

Cet homme jouait tout seul au montè, le lansquenet mexicain, avec un jeu de cartes crasseux.

La chose lui parut si extraordinaire qu’elle partit d’un strident éclat de rire.

Au bruit, l’homme releva la tête :

— Tiens, tiens ! fit-il sans paraître autrement étonné ; j’étais bien sûr qu’il arriverait quelqu’un ; cela est immanquable sur cette terre bénie !

— Ah ! bah ! fit en riant la jeune fille, vous croyez ?

— Canarios ! j’en suis sûr, répondit l’autre, et vous en êtes la preuve, puisque vous voilà.

— Expliquez-vous, mon maître, je vous prie, car je vous avoue que je ne vous comprends pas le moins du monde.

— J’en doute, fit l’inconnu en hochant la tête ; cependant cela se peut, à la rigueur. Malgré cela, j’en suis pour ce que j’ai dit.

— Fort bien ; mais pourtant veuillez vous expliquer plus clairement.

— Rien de plus facile, señor caballero. Je suis de Jalapa, une ville que vous devez connaître.

— Oui, par les productions médicinales qui lui doivent leur nom.