Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/178

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Cèdre-Rouge ne se doutait pas le moins du monde du chagrin de sa fille ; elle était pour lui bonne, douce, affectueuse, attentive ; il profitait de tout, se trouvait parfaitement heureux, et, dans son égoïsme, ne voyait pas plus loin.

Les jours s’écoulaient ainsi, se ressemblant tous ; cependant l’hiver approchait, le gibier se faisait rare, les courses du Cèdre-Rouge devenaient de plus en plus longues.

Autour du sommet des montagnes s’amoncelaient des nuages grisâtres qui s’abaissaient toujours davantage et ne tarderaient pas à crever en pluie et en neige sur la prairie.

L’hiver est une saison terrible dans les déserts du Far West ; tous les fléaux viennent assaillir le malheureux que son mauvais destin a jeté dans ces contrées déshéritées sans avoir les moyens de braver les intempéries de leur climat effroyable ; et, victime de son imprévoyance, il ne tarde pas à mourir de faim et de misère après d’inimaginables tortures.

Le Cèdre-Rouge connaissait trop bien et depuis trop longtemps le Far West pour ne pas voir arriver cette saison avec une espèce de terreur.

Aussi il cherchait par tous les moyens possibles à se procurer les vivres nécessaires et les fourrures indispensables.

Levé au point du jour, il s’élançait au galop dans la prairie, l’explorant dans tous les sens, et ne regagnant le jacal que lorsque la nuit le forçait à renoncer à la chasse.

Mais, nous l’avons dit plus haut, le gibier se faisait rare de plus en plus, et par conséquent les courses du squatter devenaient plus longues.