— Ainsi ferai-je, mon maître, répondit le moine avec un sourire railleur.
— Seulement, hâtez-vous, car je vous avertis que je suis pressé.
— C’est possible ! mais moi j’ai le temps ; il faudra bien que vous preniez celui de m’entendre.
— Le squatter fit un geste de colère qu’il réprima aussitôt.
— C’est ainsi, fit le moine avec aplomb. Il y a assez longtemps que je vous cherche.
— Bien ! trêve de discours ! Me voilà, expliquez-vous en deux mots : je vous répète que je suis pressé.
— Et moi je vous répète que cela m’est égal. Oh ! vous avez beau froncer les sourcils, compadre, il faudra que vous m’écoutiez.
Le Cèdre-Rouge frappa du pied avec colère ; faisant un pas vers le moine, il lui posa la main sur l’épaule, et le regardant bien en face :
— Ah çà, mon maître, dit-il d’une voix brève et sèche, il me semble, sur mon âme, que nous changeons de rôles et que vous le prenez bien haut avec moi ; prenez garde ! je ne suis pas patient, vous le savez, et si vous n’y faites pas attention, la patience pourra me manquer bientôt.
— C’est possible, reprit audacieusement le moine ; mais si les rôles sont changés, à qui la faute, s’il vous plaît ? Est-ce à moi ou à vous ? Vos fils ont raison de dire que vous vous êtes embéguiné et que vous n’êtes plus bon à rien.
— Misérable ! s’écria le squatter avec un geste qu’il réprima aussitôt.
— Bon ! des injures maintenant ! Ne vous gênez pas ; je vous aime mieux ainsi, au moins je vous re-