sonnes qui tiennent à vous voir et que vous serez sans doute charmé de rencontrer.
— De quelles personnes parlez-vous ? Ce sont sans doute des drôles de votre espèce.
— C’est probable, fit le moine ; du reste, vous allez en juger, compadre.
Et sans attendre la réponse du squatter, Fray Ambrosio imita le sifflement du serpent corail à trois reprises différentes.
Au troisième sifflement, un léger mouvement s’opéra dans les buissons à peu de distance des deux interlocuteurs, et deux hommes sautèrent dans le défilé.
Le squatter poussa en les voyant un cri de surprise, presque d’effroi ; il avait reconnu ses deux fils, Sutter et Nathan.
Les jeunes gens s’avancèrent vivement vers leur père, qu’ils saluèrent avec un respect mêlé d’ironie qui n’échappa pas à celui-ci.
— Eh ! vous voilà, père ! dit brusquement Sutter en posant lourdement à terre la crosse de son rifle et appuyant les deux mains sur le canon ; il faut courir longtemps avant de vous atteindre.
— Il paraît que depuis notre séparation le père s’est fait quaker ; sa nouvelle religion lui ordonne probablement de ne pas fréquenter une aussi mauvaise compagnie que la nôtre.
— Paix ! drôles que vous êtes ! s’écria le squatter en frappant du pied ; je fais ce que je veux, et nul, que je sache, n’a le droit d’y trouver à redire.
— Vous vous trompez, père, répondit sèchement Sutter ; moi, d’abord, je trouve que votre conduite est indigne d’un homme.
— Sans compter, appuya le moine, que vous