Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/235

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— Bien, mon enfant, dit-il, Dieu vous tiendra compte de votre dévouement si pur et si noble.

Le squatter serait sa fille dans ses bras sans avoir la force de prononcer une parole ; la joie inondait son âme : jamais il n’avait éprouvé une émotion si douce.

Le missionnaire se leva.

— Adieu, dit-il, bon courage ! Ayez confiance en Dieu, il ne vous abandonnera pas ; de loin je veillerai sur vous. Adieu, mes enfants, je vous bénis ! Partez ! parlez sans retard !

Puis, s’arrachant avec effort des bras du Cèdre-Rouge et de sa fille, le père Séraphin remonta à cheval, enfonça les éperons dans les flancs de sa monture et s’éloigna à toute bride, après avoir fait à ses protégés un dernier signe de la main.

— Oh ! murmura le Cèdre-Rouge, cela ne pouvait pas durer, j’étais presque heureux.

— Courage, mon père ! lui dit doucement Ellen.

Ils rentrèrent dans le jacal.

Fray Ambrosio, Nathan et Sutter attendaient dans la salle.

— Allez seller les chevaux, dit le squatter ; nous partons.

— Hein ! fit le moine à l’oreille de Sutter. Quand je vous disais que le diable était pour nous, canarios ! il ne pouvait pas nous oublier, nous avons assez fait pour lui.

Les préparatifs de l’abandon du jacal ne furent pas longs à faire : une heure plus tard les cinq personnages s’éloignaient.

— De quel côté nous dirigeons-nous ? demanda le moine.

— Gagnons les montagnes, répondit laconiquement le squatter en jetant un triste et mélancolique regard