Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/283

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mieux de nous faire part du projet que vous avez conçu et qui, dites-vous, peut nous sauver.

— Pardon ! je ne vous ai donné aucune certitude ; je vous ai seulement dit qu’il offrait quelques chances de réussite.

— Nous ne sommes pas dans une situation à chicaner sur les mots ; voyons votre projet.

— Le voici.

Les trois hommes prêtèrent l’oreille avec la plus grande attention.

— Il est évident, continua le Cèdre-Rouge, que si nous restons ensemble et si nous cherchons à fuir tous du même côté, nous serons infailliblement perdus, en supposant, ce qui est certain, que nos traces soient découvertes par ceux qui nous poursuivent.

— Bien, bien, grommela le moine ; allez toujours : je ne comprends pas encore bien où vous voulez en venir.

— J’ai donc réfléchi mûrement à cet inconvénient, et voici la combinaison que j’ai trouvée.

— Voyons la combinaison.

— Elle est bien simple : nous établirons une double piste.

— Hum ! une double piste ! c’est-à-dire une fausse et une vraie. Ce projet me semble vicieux.

— Parce que ? fit le Cèdre-Rouge avec son sourire.

— Parce qu’il y aura un point où la fausse piste se confondra dans la vraie et…

— Vous vous trompez, compadre, interrompit vivement le Cèdre-Rouge ; les deux pistes seront vraies, autrement l’idée serait absurde.

— Je n’y suis plus du tout, alors ; expliquez-vous.

— Je ne demande pas mieux, si vous me laissez parler en deux mots. Un de nous se dévouera pour