Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/297

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Nathan continua à marcher jusque vers dix heures du matin. À ce moment, comme il se sentait en appétit et que ses jambes commençaient à se fatiguer, il résolut, coûte que coûte, à faire une halte de quelques instants, afin de manger une bouchée et de prendre un peu de repos.

Machinalement il regarda autour de lui afin de choisir un endroit commode pour la halte qu’il se proposait de faire.

Soudain il fit un brusque mouvement de surprise en épaulant son rifle et en se dissimulant vivement derrière un énorme mélèze.

Il avait aperçu, à cinquante pas au plus du lieu où il se trouvait, un Indien nonchalamment accroupi sur le sol et mangeant paisiblement un peu de pennekaun.

La première émotion passée, Nathan examina attentivement l’Indien.

C’était un homme d’une trentaine d’années au plus ; il ne portait pas le costume des guerriers ; la plume de chat-huant fichée dans son épaisse chevelure, au-dessus de l’oreille droite, le faisait connaître pour un Indien nez-percé.

L’aventurier le considéra pendant un assez long espace de temps sans savoir à quel parti s’arrêter ; enfin il rejeta son rifle sur l’épaule, quitta son embuscade, et s’approcha à grands pas de l’Indien.

Celui-ci l’avait aperçu probablement, bien qu’il ne parût pas s’inquiéter de sa présence et qu’il continuât à manger tranquillement.

Arrivé à une dizaine de pas du Nez-Percé, l’Américain s’arrêta.

— Je salue mon frère, dit-il en élevant la voix et