Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/302

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XXVII.

Une piste dans l’air.

Les voyageurs et les touristes qui, en fait de forêt, ne connaissent que la forêt de Fontainebleau qui cependant, soit dit en passant, n’est pas autant à mépriser qu’on se le figure généralement, ne pourront s’imaginer l’aspect grandiose, majestueux et sublime que présente une forêt vierge du nouveau monde.

Plus de ces allées larges de quatre et cinq pieds, tirées au cordeau, qui s’étendent devant vous, droites et roides, pendant des lieues entières.

Là, tout est abrupt, tout est sauvage.

La perspective n’existe pas, c’est à peine si la vue peut s’étendre à trente ou quarante pas dans toutes les directions.

Le sol primitif a disparu sous les détritus séculaires des arbres morts de vieillesse et que le temps, la pluie et le soleil ont réduits en poussière.

Les arbres poussent çà et là en liberté, enveloppés de lianes épaisses qui s’enroulent autour du tronc et des branches en formant les plus étranges paraboles, s’élançant dans toutes les directions, plongeant en terre pour reparaître aussitôt un pied plus loin, et enchaînent si bien les arbres les uns aux autres, que pendant des lieues entières souvent ils se tiennent tous.

Les bois sont si peu variés dans certaines parties, qu’un arbre semble être la répétition de tous les autres.

Puis, jusqu’à une hauteur de cinq et souvent six pieds, s’élève une herbe drue et serrée comme les gerbes d’un champ de blé.