Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/338

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Indien, et cependant, ou j’aurai mal vu, ou bien je me trompe.

— Comment cela ?

— Écoutez, vous êtes la femme du premier chef de la tribu, je puis donc vous dire cela : il y a là-dessous quelque chose d’étrange ; j’ai, il y a quelques instants, découvert des empreintes. Par la direction qu’elles suivent il est évident qu’elles sont à cet homme, d’autant plus qu’elles sont fraîches comme si elles venaient d’être faites à l’instant.

— Eh bien ?

— Eh bien, ces empreintes ne sont pas les traces d’un Peau-Rouge, mais, au contraire, celles d’un homme blanc.

— Voilà qui, en effet, est étrange, murmura la jeune femme devenue sérieuse ; mais êtes-vous bien sûr de ce que vous avancez ?

L’Indien sourit avec dédain.

— L’Araignée est un guerrier, dit-il ; un enfant de huit ans aurait vu comme moi : les pieds sont tournés en dehors ; les Indiens, au contraire, marchent en dedans ; le pouce est collé au quatrième doigt, tandis que nous avons nous autres le pouce très-écarté ; après de tels indices, est-il possible de se tromper, je le demande à ma sœur ?

— C’est vrai, fit-elle, je m’y perds.

— Et, tenez, reprit-il, maintenant que nous voici un peu plus près de cet homme, remarquez son allure ; il est évident qu’il essaye de se cacher, il croit ne pas avoir été encore aperçu par nous, et il agit en conséquence. Le voilà qui se baisse derrière ce lentisque ; maintenant il reparaît. Voyez, il s’arrête, il réfléchit, il craint que nous ne l’ayons vu et que