Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/348

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qui auraient pu lui communiquer leurs soupçons.

La troupe s’avançait au trot au milieu d’un paysage d’un aspect grandiose et saisissant ; çà et là, dispersés sans ordre dans la plaine, ils apercevaient des blocs de rochers de forme sphérique dont la hauteur variait parfois de deux à quatre et même cinq cents pieds.

À l’est s’élevaient les dernières cimes de la sierra de los Comanches, au milieu de laquelle les voyageurs se trouvaient engagés. Les pics dénudés élevaient jusqu’aux cieux leurs sommets blancs et neigeux qui s’étendaient bien loin vers le nord jusqu’à ce qu’ils ne présentassent plus à l’horizon qu’une légère vapeur qu’un œil inexpérimenté eût prise pour des nuages, mais que les Comanches reconnaissaient fort bien pour être la continuation des montagnes Rocheuses.

À gauche de la troupe et presque à ses pieds se déroulait une immense étendue de désert bornée bien loin à l’horizon par une autre ligne de vapeur blanche presque imperceptible qui marquait la place de la chaîne Rocheuse.

Les Indiens montaient insensiblement par des sentiers presque infranchissables, mais où leurs chevaux s’avançaient si résolument qu’ils semblaient pour ainsi dire s’accrocher au sol, tant leur pas était sûr.

Au fur et à mesure qu’on s’engageait dans les montagnes, le froid devenait plus vif ; enfin, vers neuf heures du matin, après avoir traversé une gorge étroite profondément encaissée entre deux hautes montagnes dont les masses leur interceptaient les rayons bienfaisants du soleil, ils débouchèrent dans une riante vallée d’une lieue d’étendue environ, au