Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/352

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— C’est juste, reprit le chef ; que désire mon père ?

— L’hospitalité pour la nuit.

— L’hospitalité s’accorde même à un ennemi au désert ; mon père ignore-t-il donc les usages de la prairie, qu’il me la demande ? fit le chef en lui lançant un regard soupçonneux.

Nathan se mordit les lèvres.

— Mon père a mal compris le sens de mes paroles, dit-il.

— Peu importe, interrompit l’Unicorne avec autorité, le grand médecin passera la nuit au camp ; un hôte est sacré pour les Comanches, les traîtres seuls, lorsqu’ils sont démasqués, sont punis comme ils le méritent. Mon père peut se retirer.

Nathan frissonna intérieurement à ces paroles, qui semblaient indiquer que le chef avait des soupçons et que son incognito n’était pas aussi sévèrement gardé qu’il le croyait. Cependant il renferma ses craintes dans son cœur et continua à faire bonne contenance.

— Merci, dit-il en s’inclinant.

L’Unicorne lui rendit son salut et lui tourna le dos.

— Hum ! murmura l’Américain à part lui, je crois que j’ai eu tort de me hasarder au milieu de ces démons ; les yeux de basilic de ce chef maudit semblaient lire sur mon front. Tenons-nous sur nos gardes.

Tout en faisant ces réflexions, Nathan s’éloigna à pas lents, la tête haute, enchanté en apparence des résultats de son entrevue avec l’Unicorne.

Au même moment, un cavalier lancé à toute bride entra dans la vallée ; ce cavalier passa à deux pas de l’Américain en échangeant avec lui un coup d’œil.

Les deux regards se croisèrent.