Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/407

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durée de l’éclair, presque aussitôt il s’était redressé aussi fier, aussi intrépide qu’auparavant, en s’écriant d’une voix ferme :

— J’échapperai !

— Bien, compadre, voilà qui est bravement parlé, dit le moine ; mais il faut agir.

— En avant ! hurla le squatter.

— Comment, en avant ! fit le moine avec un geste d’épouvante ; mais en avant, c’est le camp des Peaux Rouges.

— En avant ! vous dis-je.

— En avant donc, et que le diable nous protège ! murmura Fray Ambrosio.

Le squatter, ainsi qu’il l’avait dit, marchait résolument sur le camp.

Bientôt ils se retrouvèrent à l’endroit où ils avaient descendu un lasso à Nathan et qu’ils avaient quitté, dans leur premier mouvement d’épouvante, pour se mettre en retraite.

Arrivé là, le squatter écarta le feuillage et regarda.

Tout le camp était en rumeur ; on voyait les Indiens courir çà et là dans toutes les directions.

— Oh ! murmura le Cèdre-Rouge, j’espérais que ces démons se lanceraient tous à notre poursuite ; il est impossible de traverser là.

— Il n’y faut pas songer, dit Nathan, nous serions perdus sans rémission.

— Prenons un parti, murmura le moine.

Ellen, accablée de fatigue, s’était assise sur une branche.

Son père lui jeta un regard désespéré.

— Pauvre enfant ! dit-il d’une voix basse et entrecoupée ; tant souffrir !