Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/433

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verts de feuilles mortes qu’il était impossible de les y soupçonner.

— Maintenant, dit la Gazelle blanche, occupons-nous de nous trouver un gîte ; les nuits sont froides en cette saison, surtout dans la montagne ; voici le jour qui baisse rapidement, bientôt nous serons enveloppés dans les ténèbres.

Nos trois batteurs d’estrade avaient quitté le camp assez tard ; aussi pendant qu’ils s’occupaient à desseller leurs chevaux et à cacher les harnais, le soleil, de plus en plus bas à l’horizon, avait fini par se coucher ; ils se trouvaient à ce moment de crépuscule si court dans la prairie pendant lequel le jour s’achève et la nuit commence, et où les ténèbres, luttant désespérément ensemble, répandent sur le paysage une espèce de lumière mixte qui laisse entrevoir les objets comme à travers un prisme.

Il fallait profiter de cet instant pour s’orienter de façon à pouvoir marcher sans risquer de se perdre aussitôt que les ténèbres auraient enfin triomphé de la clarté de plus en plus faible.

C’est ce qu’ils firent. Après avoir d’un coup d’œil relevé la position des différents pics de montagnes, ils se mirent résolument en route.

Ils marchèrent pendant environ une heure sur une pente qui devenait de plus en plus roide, puis ils atteignirent une espèce d’étroite plate-forme où ils firent halte un moment, d’abord pour reprendre haleine, ensuite afin de se consulter sur ce qu’ils devaient faire ultérieurement.

— Si nous couchions ici, dit la Gazelle blanche ? Ce rocher qui s’élève à pic derrière nous nous offre un excellent abri contre le vent, et enveloppés avec