Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/435

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il laisse à l’ombre de la nuit monter paisiblement la fumée de son foyer vers le ciel, convaincu que, grâce à l’obscurité, nul ne peut l’apercevoir, ce qui serait rigoureusement vrai si, pour son malheur, nous ne nous trouvions ici ; voilà pour quelle raison, malgré l’heure avancée, j’ai insisté pour que nous nous engagions dans la montagne.

La Gazelle blanche et don Pablo furent frappés de la justesse de ce raisonnement. Ils commencèrent alors, devant cette expérience pratique du désert que possédait leur guide, à prendre une meilleure opinion de lui et à lui reconnaître intérieurement cette supériorité que tout homme sachant bien une chose acquiert toujours à un moment donné.

— Faites à votre guise, lui dit don Pablo.

— Nous nous rangeons complètement de votre avis, ajouta la jeune fille.

Le gambucino ne montra ni orgueil ni fatuité de cet acquiescement à ses raisonnements, il se contenta de recommander à ses deux compagnons de ne pas quitter le lieu où ils se trouvaient jusqu’à son retour, et il s’éloigna.

Dès qu’il fut seul, au lieu de marcher ainsi qu’il l’avait fait jusqu’à ce moment, le gambucino s’allongea sur le sol et commença à ramper lentement le long des rochers, s’arrêtant de temps en temps pour soulever la tête, regarder autour de lui et prêter l’oreille aux mille bruits du désert.

Son absence fut longue. Don Pablo et la jeune fille se promenaient de long en large sur la plate-forme, afin d’entretenir la chaleur dans leur corps en l’attendant.

Enfin, au bout de deux heures à peu près il revint.