Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/440

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verts, en s’écriant avec un accent d’amour suprême :

— Ellen ! Ellen ! qu’avez-vous ?

À cette voix qui frappait si inopinément ses oreilles, la jeune fille se releva, et avec un geste d’une majesté extrême :

— Fuyez, malheureux, lui dit-elle, fuyez, ou vous êtes perdu !

— Ellen, répéta-t-il en tombant à ses genoux et joignant les mains avec prière, de grâce, écoutez-moi !

— Que venez-vous faire ici ? répéta-t-elle.

— Je viens vous sauver ou périr.

— Me sauver ! dit-elle avec une tristesse navrante ; non, don Pablo, mon destin est fixé à jamais, laissez-moi ; fuyez, je vous en prie.

— Non ! vous dis-je, un danger terrible plane sur votre père, il est perdu sans ressource ; venez, fuyez, il en est temps encore. Oh ! Ellen ! je vous en prie, au nom de notre amour, si chaste et si pur, suivez-moi !

La jeune fille secoua la tête par un mouvement qui fit ondoyer ses longues tresses blondes.

— Je suis condamnée, vous dis-je, don Pablo ; rester plus longtemps ici, c’est vous perdre. Vous m’aimez, dites-vous ; eh bien, moi, à mon tour, c’est au nom de votre amour, du mien, puisque vous l’exigez, que je vous supplie de m’abandonner, de me fuir pour toujours ! Oh ! croyez-moi, don Pablo, mon contact donne la mort, je suis une créature maudite !

Le jeune homme croisa les bras sur la poitrine, et relevant fièrement la tête :

— Eh bien, non ! dit-il résolument, je ne partirai pas, je ne veux pas que le dévouement soit votre par-