Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/442

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— Venez, lui dit-elle.

Elle s’avança résolûment vers son père toujours immobile.

— Place ! cria-t-elle résolûment.

— Non, répondit le squatter.

— Faites bien attention, mon père, reprit-elle : je vous ai fait le sacrifice de ma vie, de mon bonheur, de toutes mes joies sur cette terre, mais c’est à une condition : c’est que sa vie à lui sera sacrée ; laissez-le donc aller, je le veux.

— Non, fit-il encore, il faut qu’il meure !

Elle poussa un éclat de rire strident dont les notes aiguës firent frissonner les deux hommes ; par un geste prompt comme la pensée, elle arracha un pistolet de la ceinture du squatter, l’arma et en appuya le canon sur sa tempe.

— Place ! répéta-t-elle.

Le Cèdre-Rouge poussa un hurlement de terreur.

— Arrête ! s’écria-t-il en se précipitant vers elle.

— Pour la dernière fois, place, ou je me tue !

— Oh ! fit-il avec une expression de rage impossible à rendre, pars, démon ; mais je te retrouverai !

— Adieu, mon bien-aimé ! cria Ellen avec passion, adieu, pour la dernière fois !

— Ellen, répondit le jeune homme, au revoir ! je te sauverai malgré toi !

Et, s’élançant dans le souterrain, il disparut.

— Maintenant, mon père, dit la jeune fille en jetant son pistolet dès que le bruit des pas de son amant se fut éteint dans le lointain, faites de moi ce que vous voudrez.

— Toi, je te pardonne, enfant, répondit le Cèdre-Rouge en grinçant des dents ; mais lui, je le tuerai !