Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/446

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Andrès, toujours étendu, geignait et se plaignait de façon à attendrir les pierres. Enfin un léger bruit se fit entendre à une légère distance.

— Eh ! murmurait gambucino qui surveillait sournoisement ce qui se passait, je crois que cela mord et que le poisson est dans la nasse.

— Qui diable ayons-nous là ? dit une voix rude ; voyez donc, Sutter.

Andrès Garole ouvrit les yeux et reconnut le Cèdre-Rouge et son fils.

— Ah ! fit-il d’un ton dolent ; c’est vous, vieux squatter. D’où diable sortez-vous ? Si j’attendais quelqu’un, ce n’était certes pas vous, bien que je sois charmé de vous rencontrer.

— Je connais cette voix, dit le Cèdre-Rouge.

— C’est Andrès Garote, le gambucino, répondit Sutter.

— Oui, c’est moi, mon bon Sutter, dit le Mexicain. Ah ! aie ! que je souffre !

— Ah çà, qu’est-ce que vous avez et comment vous trouvez-vous ici ?

— Vous y êtes bien, vous, reprit aigrement l’autre. Cuerpo de Dios ! tout a été de mal en pis pour moi depuis que j’ai quitté mon rancho pour venir dans cette prairie maudite.

— Voulez-vous répondre, oui ou non ? fit le Cèdre-Rouge en frappant avec colère la crosse de son rifle sur le sol et en lui jetant un regard soupçonneux.

— Eh ! je suis blessé, cela se voit de reste : j’ai une balle dans le bras et le corps tout contusionné. Santa Maria ! que je souffre ! Mais c’est égal, le brigand qui m’a si bien arrangé ne fera plus de mal à personne.