Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/447

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— Vous l’avez tué ? demanda vivement le squatter.

— Un peu ! Tenez, là, dans ce précipice ; regardez, vous verrez son corps.

Sutter se pencha.

— Je vois un chapeau, dit-il au bout d’un instant ; le corps ne doit pas être loin.

— À moins qu’il ait roulé jusqu’au fond de la barrauca, reprit Andrès.

— Ce qui est probable, appuya Sutter, car le roc est presque à pic.

— Oh ! demonios ! nuestra señora ! que je souffre ! geignit le gambucino.

Le squatter s’était à son tour penché sur le précipice. Il avait reconnu le chapeau de don Pablo ; il poussa un soupir de satisfaction et retint près d’Andrès.

— Voyons, dit-il d’un ton radouci, nous ne pouvons toute la nuit rester là ; peux-tu marcher ?

— Je ne sais pas, j’essayerai.

— Essaye donc, au nom du diable !

Le gambucino se leva avec des peines infinies et essaya de faire quelques pas, mais il retomba.

— Je ne peux pas, dit-il avec découragement.

— Bah ! fit Sutter, je vais le mettre sur mon dos, il n’est pas bien lourd.

— Fais vite et finissons-en.

Le jeune homme se baissa, prit le gambucino dans ses bras et le plaça sur ses épaules avec autant de facilité que s’il n’eût été qu’un enfant.

Dix minutes plus tard, Andrès Garote était dans la grotte, étendu devant le feu, et Fray Ambrosio lui bandait le bras.

— Eh ! compañero, dit le moine, tu as été fort adroitement blessé.