Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’apprécier la différence morale qui existait entre le squatter américain et le chasseur français.

D’ailleurs, maintenant, dans son esprit, la question était résolue : toutes ses sympathies l’attiraient vers le Français. Seulement il était bon que son concours, pour être utile, fut accepté non-seulement par Valentin, mais encore par ses amis, afin d’éviter tout malentendu.

Lorsque la terre eut repris son aplomb, que tout fut rentré dans l’ordre tracé par Dieu au commencement des siècles, le Chat-Noir fît un signe.

Les pirogues abordèrent.

Le chef ordonna à ses guerriers de camper où ils se trouvaient et de l’attendre.

Puis avisant à une courte distance une troupe de chevaux sauvages qui paissaient, il en laça un, le dompta en quelques minutes, s’élança sur son dos, et s’éloigna au galop.

En ce moment, le soleil montait radieux à l’horizon.

Le chef apache marcha tout le jour sans s’arrêter, si ce n’est quelques instants pour laisser respirer son cheval.

Au coucher du soleil, il se trouvait à portée de flèche du village de l’Unicorne.

Après être demeuré quelques instants pensif, l’Indien sembla définitivement prendre sa résolution ; il poussa son cheval et entra résolument dans le village.

Il était abandonné.

Le Chat-Noir le parcourut dans tous les sens, rencontrant à chaque pas des traces du combat terrible dont, quelques jours auparavant, il avait été le théâtre ; mais pas un homme, pas un chien.