Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/112

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Il avait ce visage ascétique, aux traits durs, aux lignes tranchées, qui forme pour ainsi dire le type du moine espagnol, et dont le Titien a si bien saisi l’expression dans ses toiles.

Il passa au milieu des aventuriers, en leur présentant à droite et à gauche ses larges manches qu’ils baisaient en s’inclinant.

Arrivé auprès des deux chasseurs, il se retourna.

— Continuez vos jeux, mes fils, dit-il à l’assistance. Que ma présence ne trouble pas vos ébats, je veux seulement m’entretenir quelques instants avec ces deux cavaliers.

Les aventuriers ne se firent pas répéter l’invitation, ils reprirent tumultueusement leurs places, et bientôt le bruit et les jurons eurent recommencé avec la même intensité qu’auparavant.

Le moine sourit, prit une butaque et s’assit entre les deux chasseurs en leur jetant un regard investigateur.

Ceux-ci avaient suivi d’un œil railleur toutes les péripéties de cette scène ; ils laissèrent, sans faire un mouvement, le moine prendre place auprès d’eux.

Dès qu’il se fut assis, Harry lui versa un grand verre de pulque et plaça à sa portée des carrés de feuille de maïs et du tabac.

Buvez et fumez, señor padre, lui dit-il.

Le moine, sans faire d’observation, tordit une cigarette, l’alluma, prit le verre de pulque, le vida d’un trait, puis appuyant les coudes sur la table et penchant la tête en avant :

— Vous êtes exacts, dit-il.

— Voici une heure que nous attendons, observa Dick d’un ton bourru.