Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/123

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— Pouvez-vous supposer de telles choses, Cèdre-Rouge ! s’écria le moine.

— Pensez-vous que je ne vous aie pas deviné ? répondit celui-ci ; mais cela m’est égal, faites ce que vous voudrez, je vous laisse libre d’agir à votre guise.

— Comment, vous partez déjà !

— Pardieu ! Qu’ai-je à faire plus longtemps ici ? Tout est convenu entre nous : dans trois jours, trente des meilleurs compagnons de la frontière seront réunis par mes soins à la crique de l’Ours-Gris, où nous vous attendrons.

Après avoir une dernière fois haussé les épaules, il s’en alla sans saluer et sans tourner la tête.

— Il faut avouer, observa Dick, que cet homme a une véritable face de coquin. Quel hideux personnage !

— Oh ! répondit le moine avec un soupir, l’extérieur n’est rien, c’est l’intérieur qu’il faut connaître.

— Pourquoi, alors, puisque vous savez cela, traitez-vous avec lui ?

Le moine rougit légèrement.

— Parce qu’il le faut ! murmura-t-il.

— Très-bien pour vous, reprit Dick ; mais comme rien ne nous oblige, mon ami et moi, à avoir de plus intimes rapports avec cet homme, vous trouverez bon, señor padre…

— Taisez-vous, Dick ! s’écria Harry avec colère, vous ne savez ce que vous dites. Nous vous accompagnerons, señor padre ; vous pouvez compter sur nous pour vous défendre au besoin, car je suppose que Cèdre-Rouge a raison.

— De quelle façon ?

— Oui, vous ne voulez pas remettre sans défense votre vie entre ses mains, et vous avez compté