Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/126

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— Parlez ! parlez, señor padre ! s’écrièrent-ils avec joie.

— De quoi s’agit-il ? demanda un homme à la mine patibulaire, qui se trouvait au premier rang.

— D’une partie de guerre que je veux tenter sous peu de jours en Apacheria, dit le moine, et pour laquelle j’ai besoin de vous.

À cette proposition, l’ardeur première des assistants se refroidit visiblement ; les Comanches et les Apaches inspirent une profonde terreur aux habitants des frontières mexicaines.

Le moine devina l’effet qu’il avait produit, mais il reprit, sans laisser voir qu’il s’en était aperçu :

— Je vous prends tous à mon service pendant un mois, dit-il, à raison de quatre piastres par jour.

À cette offre magnifique, les yeux des aventuriers brillèrent de convoitise ; la peur fit place à l’avarice, et ils s’écrièrent avec joie :

— Nous acceptons, révérend père !

— Mais, reprit l’homme qui déjà avait parlé, nous serions heureux, señor padre, que, avant de nous mettre en route, vous nous donniez votre sainte bénédiction et vous nous absolviez des quelques péchés véniels que nous avons pu commettre.

— Oui, hurla l’assistance, nous serions heureux si vous consentiez à cela, révérend père.

Le moine parut réfléchir.

Les aventuriers attendirent avec anxiété.

— Eh bien, soit ! répondit-il après un moment, comme l’œuvre à laquelle je vous emploierai ne peut être que méritoire aux yeux de Dieu, je vous donnerai ma bénédiction et je vous accorderai l’absolution de vos péchés.

Pendant quelques instants ce fut dans la salle un con-