Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/128

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d’une grande quantité de ce métal jaune, qu’ils méprisaient, pût les mettre à même de se donner des jouissances autres que celles pleines de voluptés qu’ils éprouvaient pendant leurs longues courses à la poursuite des bêtes fauves, courses si pleines de péripéties étranges et de joies saisissantes.

Aussi Dick avait-il été surpris au dernier point, lorsqu’il avait vu son ami accepter avec empressement la proposition du moine, et s’engager pour aller à la recherche d’un placer ; mais, ce qui l’avait plus étonné encore, c’était l’insistance de Harry à ne vouloir partir que si le Cèdre-Rouge dirigeait l’expédition.

Bien que nul ne pût positivement accuser le squatter, grâce aux précautions dont il savait s’entourer, de mener une vie de rapine et de meurtre, cependant les allures mystérieuses qu’il affectait, la solitude dans laquelle il vivait avec sa famille, avaient jeté sur lui un reflet de réprobation.

Chacun le tenait pour un chasseur de chevelures, et pourtant nul n’aurait osé affirmer aucun des faits honteux dont il était accusé.

Il était résulté de cette réprobation générale qui frappait le squatter, réprobation méritée, nous le savons de reste à présent, que parmi les chasseurs et les trappeurs de la frontière, lui et sa famille étaient mis à l’index, et que chacun fuyait non-seulement leur société, mais encore tout contact avec eux.

Dick connaissait à fond le caractère droit, la noblesse de cœur de son ami ; sa conduite en cette circonstance lui parut donc complétement incompréhensible, et il résolut d’avoir avec lui une explication.

À peine furent-ils hors du meson, où Fray Ambrosio embauchait en ce moment des hommes de bonne vo-