Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/130

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l’autre, nos actions doivent être exemptes de toute double interprétation.

— Je ferai ce que vous exigez, Dick, quoi qu’il m’en coûte ; je reconnais la justesse de votre observation ; je comprends combien ma conduite de ce soir a dû vous choquer, vous paraître ambiguë ; je ne veux pas que notre amitié reçoive la moindre atteinte, que le plus petit nuage s’élève entre nous ; vous serez satisfait.

— Je vous remercie, Harry, ce que vous me dites m’ôte un grand poids de dessus la poitrine ; je vous avoue que j’aurais été désespéré de mal penser de vous, mais je vous avoue que les paroles de ce moine intrigant et les manières de son digne acolyte le Cèdre-Rouge, tout cela m’avait mis hors de moi ; si vous ne m’aviez pas si souvent averti de me taire, je crois, Dieu me pardonne, que j’aurais fini par dire leur fait à tous deux.

— Vous avez montré beaucoup de prudence en gardant le silence, soyez persuadé que je vous en ai une sincère obligation ; bientôt vous comprendrez tout, je suis convaincu que vous m’approuverez complétement.

— Je n’en doute pas, Harry, je n’en doute pas, et maintenant que je suis certain de m’être trompé, vous me voyez tout joyeux.

En causant ainsi, les deux chasseurs, qui marchaient de ce pas gymnastique enlevé et rapide particulier aux hommes habitués à franchir de grandes distances à pied, étaient sortis du village et se trouvaient assez loin déjà dans la plaine.

La nuit était magnifique, le ciel d’un bleu profond, un nombre incalculable d’étoiles étincelantes semblaient nager dans l’éther. La lune répandait à profusion ses rayons argentés sur le paysage.