Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/176

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Ce spectacle, si naïvement primitif, avait quelque chose d’imposant et de sublime qui inspirait le respect et faisait rêver aux anciens jours, alors que l’Église persécitée se réfugiait au désert pour se trouver face à face avec Dieu.

Aussi l’émotion qu’éprouvèrent les témoins de cet acte si saintement religieux fut-elle sincère ; un rayon de bonheur descendit dans leur âme, et ce fut avec une véritable effusion qu’ils remercièrent le digne prêtre de la surprise qu’il leur avait ménagée.

Le père Séraphin était tout heureux du résultat qu’il avait obtenu ; devant la foi vraiment profonde de ses amis, il sentit s’accroître son courage pour continuer la rude et noble tâche qu’il s’était imposée.

La messe dura trois quarts d’heure environ. Dès qu’elle fut finie, le missionnaire remit les pauvres vases sacrés dans le petit sac qu’il portait toujours avec lui et l’on rentra dans la grotte pour déjeuner.

Une heure plus tard, don Miguel Zarate, le général Ibañez et le missionnaire prirent congé de Valentin et, montés sur les chevaux que Curumilla leur avait amenés à l’entrée du ravin, ils s’éloignèrent au galop dans la direction du Paso del Norte, dont ils étaient éloignés de vingt lieues environ.

Valentin et les deux chefs indiens restèrent seuls.

— Je vais quitter mon frère, dit la Plume-d’Aigle.

— Pourquoi ne restez-vous pas avec nous, chef ?

— Mon frère pâle n’a plus besoin de la Plumed’Aigle ; le chef entend les cris des hommes et des femmes de sa tribu qui ont été lâchement assassinés et qui demandent vengeance.

— Où va mon frère ? demanda le chasseur, qui con-