naissait trop le caractère des Indiens pour chercher à faire changer la détermination du guerrier, bien qu’il fût fâché de son départ.
— Les Coras habitent des villages sur les rives du Colorado, la Plume-d’Aigle retourne vers les siens ; il demandera des guerriers pour venger ses frères qui sont morts.
Valentin s’inclina.
— Que le grand Esprit protége mon père ! dit-il ; la route est longue jusqu’aux villages de sa tribu ; le chef quitte des amis qui l’aiment.
— La Plume-d’Aigle le sait, il se souviendra, répondit le chef avec un accent profond.
Et après avoir pressé les mains que lui tendaient les deux chasseurs, il s’élança sur son cheval et disparut bientôt dans les méandres du cañon.
Valentin le regarda s’éloigner avec un regard triste et mélancolique.
— Le reverrai-je jamais ? murmura-t-il ; il est Indien, il suit sa vengeance, c’est sa nature ; il y obéit, Dieu le jugera ! Chacun doit suivre sa destinée.
Après cet aparté, le chasseur jeta son rifle sur l’épaule et partit, à son tour, suivi par Curumilla.
Valentin et son compagnon étaient à pied ; ils préféraient cette manière de voyager, qui leur semblait plus sûre et tout aussi prompte que sur un cheval.
Les deux hommes, d’après la coutume indienne, marchaient l’un derrière l’autre sans prononcer une parole.
Vers midi, la chaleur devint si forte qu’ils furent contraints de s’arrêter pour prendre quelques instants de repos.