Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/194

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au moment où il allait se renverser, il lui enveloppa, avec une adresse inouïe, les yeux de sa cravate.

Le cheval, subitement aveuglé, retomba sur ses pieds et resta tremblant de terreur. Alors le jeune homme mit pied à terre, approcha son visage de la tête du cheval et lui insuffla de l’air dans les nazeaux, en lui grattant doucement le front. Cette opération dura dix minutes au plus, le cheval soufflait et renâclait sans oser bouger de place.

Le Mexicain s’élança de nouveau sur le dos de l’animal, puis il lui enleva le mouchoir qui l’aveuglait ; le cheval resta comme hébété. Don Pablo l’avait dompté[1].

Chacun se précipita vers le jeune homme, qui souriait avec orgueil, afin de le féliciter d’un si beau triomphe.

Don Pablo mit pied à terre, confia son cheval à un vaquero, qui lui passa immédiatement une bride, et s’avança vers son père, qui l’embrassa avec effusion.

Pendant près d’une heure don Miguel avait désespéré de la vie de son fils.


XXI.

La Surprise.

Dès que l’émotion causée par la prouesse de don Pablo fut calmée, on songea au retour.

Le soleil baissait rapidement à l’horizon. La journée tout entière s’était écoulée dans les péripéties émouvantes de la chasse.

  1. Cette façon de dompter les chevaux est bien connue des Indiens ; nous livrons ce fait sans commentaires à la sagacité des lecteurs.