Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/195

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L’hacienda de la Noria était éloignée de près de dix lieues ; il était urgent de se mettre en route le plus tôt possible, si l’on ne voulait pas être exposé à camper à la belle étoile.

Les hommes auraient facilement pris leur parti de ce léger désagrément, qui, dans un climat comme celui du Nouveau-Mexique et à cette époque de l’année, n’a rien de bien pénible, mais il y avait des dames dans la compagnie ; laissées une ou deux lieues en arrière, elles devaient être inquiètes de l’absence des chasseurs, absence qui, comme cela arrive souvent lorsqu’il s’agit de chasse, s’était prolongée bien au delà de toutes les prévisions.

Don Miguel Zarate donna à ses vaqueros des ordres pour que les chevaux pris pendant la journée fussent marqués à son chiffre, et les chasseurs reprirent en riant et causant entre eux le chemin des tentes, où les dames étaient restées.

Les vaqueros qui avaient servi de traqueurs pendant la chasse restèrent pour garder les chevaux.

Dans ces pays, où il n’y a pas de crépuscule, la nuit succède presque sans transition au jour. Aussitôt que le soleil fut couché, les chasseurs se trouvèrent dans une obscurité complète, car au fur et à mesure que le soleil déclinait à l’horizon, l’ombre envahissait le ciel dans des proportions égales, et au moment où l’astre du jour disparut, la nuit fut complète.

Le désert, jusqu’alors silencieux, sembla s’éveiller tout à coup ; les oiseaux, engourdis par la chaleur, commencèrent un formidable concert auquel, par intervalles, se joignirent, dans les profondeurs inexplorées des forêts, les glapissements des carcajous et les aboiements des coyotes qui se mêlaient aux rugisse-