Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/211

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la ville, en sorte que vous n’aurez qu’à les ramener ; vous vous trouverez ainsi, en moins de trois heures, à la tête de cinq cents hommes résolus et bien armés.

— Eh ! Valentin, mon ami, répondit en riant le général, savez-vous qu’il y a en vous l’étoffe d’un chef de parti, et que je suis presque jaloux de vous ?

— Oh ! vous auriez tort, général ; car je vous assure que je suis bien désintéressé dans la question.

— Eh ! mon ami, je le sais ; vous êtes un chasseur libre du désert, auquel nos mesquines idées importent fort peu.

— C’est vrai ; mais j’ai voué à don Miguel et à sa famille une amitié qui ne finira qu’avec ma vie. Je tremble pour lui et pour ses enfants, lorsque je songe aux périls sans nombre qui l’entourent, et je cherche à lui venir en aide autant que mon expérience et mon activité me le permettent. Voilà tout le secret de ma conduite.

— Cette profession de foi était au moins inutile, mon ami ; je vous connais trop, et depuis trop longtemps, pour douter de vos intentions. Aussi, vous le voyez, j’ai en vous une si grande confiance, que j’accepte vos idées sans même les discuter, tant je suis convaincu de la pureté de vos intentions.

— Merci, don Miguel ; vous m’avez bien jugé. Voyons, messieurs, à cheval, et partons. C’est ici que nous devons nous séparer : vous, don Miguel, pour vous diriger par le sentier de droite sur le Paso ; vous, général, par celui de gauche sur Santa-Fé ; moi, avec don Pablo et sa sœur, je continuerai à marcher devant moi jusqu’à l’hacienda de la Noria.

— À cheval, donc ! s’écria résolument l’hacendero, et Dieu défende le droit !