Valentin emmena l’hacendero et le général à une légère distance.
Lorsqu’ils se trouvèrent hors de la portée de la voix, le chasseur explora avec soin les environs, puis, au bout de quelques minutes, il rejoignit ses amis, que sa manière d’agir intriguait fortement.
— Caballeros, leur dit-il, que comptez-vous faire ? Dans votre position, les minutes sont des siècles ; êtes-vous prêts à faire votre pronunciamiento ?
— Oui, répondirent-ils.
— Voici ce que je vous propose : vous, don Miguel, vous allez immédiatement vous diriger sur le Paso ; à une demi-lieue de la ville vous trouverez Curumilla avec une vingtaine des meilleurs rifles de la frontière ; ces hommes, sur lesquels vous pouvez compter, sont des chasseurs canadiens et indiens toleos qui me sont dévoués ; ils vous formeront un noyau de troupe suffisant pour vous emparer sans coup férir du Paso, qui n’est défendu que par une garnison de quarante soldats. Ce projet vous sourit-il ?
— Oui, je vais immédiatement le mettre à exécution… Mais ma fille.
— Je m’en charge ; vous me laisserez aussi votre fils don Pablo, je les conduirai tous deux à l’hacienda. Quant aux autres dames, arrivées à la ville, elles rentreront tout simplement chez elles, ce qui, je le crois, n’offre aucune difficulté.
— Aucune.
— Bien ! ainsi voilà qui est convenu.
— Parfaitement.
— Quant à vous, général, vos hommes ont été par mes soins échelonnés par troupes de dix et vingt hommes sur la route de Santa-Fé, jusqu’à deux lieues de