Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/239

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et les conspirateurs avaient été condamnés, à l’unanimité, à être passés par les armes.

L’hacendero avait par son nom, par sa position et surtout à cause de sa fortune, de nombreux partisans dans la province.

L’annonce du verdict rendu par le conseil de guerre avait causé une stupeur profonde qui s’était presque immédiatement changée en colère parmi les riches propriétaires et les Indiens du Nouveau-Mexique.

Une sourde agitation régnait dans la contrée, et le gouverneur, qui intérieurement se sentait trop faible pour faire tête à l’orage qui le menaçait et regrettant d’avoir poussé les choses aussi loin, temporisait et tâchait de conjurer les périls de sa position en attendant qu’un régiment de dragons qu’il avait demandé au gouvernement fût arrivé et assurât par sa présence force à la loi ; les condamnés que le gouverneur n’avait pas jusqu’à ce moment osé mettre en capilla, étaient encore provisoirement détenus à la prison.

Les deux cavaliers dont nous avons parlé traversèrent sans s’arrêter les rues de la ville, déserte à cette heure où chacun fait la siesta renfermé dans l’intérieur de sa maison, et se dirigèrent vers un rancho de peu d’apparence, bâti sur le bord de la rivière, à l’extrémité opposée au côté par lequel ils étaient arrivés.

— Eh bien, dit un des cavaliers en s’adressant à son compagnon, n’avais-je pas raison ? Vous le voyez, tout le monde dort ; personne n’est là pour nous espionner ; nous arrivons juste au bon moment.

— Bah ! répondit l’autre d’un ton bourru, vous croyez cela, vous ? Dans les villes, il y a toujours