Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/250

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sant retomber d’un geste brusque et prompt comme la pensée les plis de son manteau :

— Reconnaissez-moi donc, Cèdre-Rouge, puisque jusqu’à cet instant votre conscience ne vous a pas crié mon nom.

— Oh ! s’écrièrent avec épouvante les trois hommes en reculant instinctivement, don Pablo de Zarate !

— Oui, reprit le jeune homme, don Pablo de Zarate, qui vient, Cèdre-Rouge, vous demander compte de sa sœur que vous avez enlevée.

Le Cèdre-Rouge était dans un état d’agitation extrême, les yeux démesurément ouverts, les traits contractés par la terreur ; il sentait une sueur froide perler à ses tempes à cette apparition terrible.

— Ah ! fit-il d’une voix sourde, les morts sortent-ils donc du tombeau !

— Oui ! s’écria le jeune homme d’une voix stridente, oui, ils sortent du tombeau pour vous ravir vos victimes !… Cèdre-Rouge, rendez-moi ma sœur !

Le squatter bondit comme une hyène sur le jeune homme en brandissant son machete.

— Chien ! hurla-t-il, je te tuerai une seconde fois s’il le faut !

Mais son poignet fut saisi soudain par une main de fer, et le bandit recula en trébuchant jusqu’au mur du rancho, où il fut contraint de s’appuyer pour ne pas rouler sur le sol.

Curumilla, qui jusque-là était demeuré spectateur impassible de la scène qui se passait devant lui, avait jugé que le moment d’intervenir était arrivé et l’avait brusquement rejeté en arrière.

Le squatter, les yeux injectés de sang, les lèvres serrées par la rage, jetait autour de lui des regards de bête fauve.