Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puis ils sortirent, bouchèrent la porte de la hutte et laissèrent seuls les néophytes.

Ceux-ci jetèrent de l’eau sur les pierres ; la vapeur qui s’éleva presque aussitôt leur procura une sueur abondante.

Aussitôt que la transpiration fut arrivée à son plus haut degré, les chasseurs partirent en courant de la hutte, passèrent au milieu des guerriers rangés en deux files sur leur passage et allèrent, comme c’est la coutume, se plonger dans la rivière.

Ou les sortit immédiatement de l’eau, on les enveloppa dans des couvertures et on les conduisit, toujours au bruit d’une musique infernale, au calli de l’Unicorne afin de subir la dernière épreuve, qui est aussi la plus douloureuse.

Les chasseurs s’étendirent sur le dos ; alors, avec un bâton pointu, enduit d’une eau dans laquelle on avait dissous de la poudre, l’Unicorne traça sur leurs poitrines la figure de l’animal qui servait de talem (protecteur) à la tribu.

Puis, avec dix arêtes attachées à un petit morceau de bois et trempées dans du vermillon, il procéda au piquage de ce dessin.

Lorsque parfois il se rencontrait des endroits trop rudes, l’Unicorne faisait une incision dans la chair avec une pierre à fusil ; les places qui ne furent pas marquées avec le vermillon furent frottées avec de la poudre, de sorte qu’il en résulta un tatouage bleu et rouge.

Pendant le cours de l’opération, les chants de guerre et les grincements du chichikoué ne cessèrent de se faire entendre afin d’étouffer les cris que les atroces douleurs qu’ils souffraient auraient pu arracher aux patients.