— C’est vrai ! s’écria Valentin en se frappant le front ; votre idée est bonne, chef.
— Que mon frère me laisse agir, je lui réponds du succès sur ma tête.
— Caramba ! Chef, agissez à votre guise ; seulement, ne serait-ce que pour la forme, je ne serais pas fâché de savoir ce que vous entendez faire.
— Mon frère a la peau blanche, mais son cœur est indien ; qu’il s’en rapporte à la prudence d’un chef : l’Unicorne sait comment s’y prendre pour traiter avec les Gachupines.
— Sans doute.
— L’Unicorne ira à Santa-Fé parler au chef des blancs.
Valentin le regarda avec étonnement.
Le sachem sourit.
— N’ai-je pas des otages ? dit-il.
— C’est vrai, fit Valentin.
Le chef reprit :
— Les Espagnols sont, comme les vieilles femmes bavardes, prodigues de paroles séduisantes, mais l’Unicorne les connaît. Combien de fois déjà, à la tête de ses guerriers, a-t-il foulé le sentier de la guerre sur leur propre territoire ! Ils n’oseront le tromper. Avant que tonatiuh (le soleil) ait deux fois accompli sa révolution autour de la grande tortue dont l’écaille immense supporte le monde, le chef des Comanches ira porter les flèches sanglantes aux blancs et leur proposer la paix ou la guerre. Mon frère est-il satisfait ?
— Je suis satisfait ; mon cœur est plein de reconnaissance pour mon frère rouge.
— Bon ! Qu’est cela pour l’Unicorne ? moins que rien. Mon frère a-t-il autre chose à me demander ?