Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/298

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— Une chose encore.

— Que mon frère s’explique le plus tôt possible, afin qu’il ne reste plus de nuage entre lui et son ami rouge.

— Je m’expliquerai donc. Des hommes sans crainte du grand esprit, poussés on ne sait par quel désir insensé, ont enlevé doña Clara, la fille du chef blanc que mon frère s’est engagé à sauver.

— Quels sont ces hommes ? Mon frère les connaît-il ?

— Oui, je ne les connais que trop : ce sont des bandits, à la tête desquels se trouve un monstre à face humaine, nommé le Cèdre-Rouge.

À ce nom, l’Indien tressaillit imperceptiblement ; une lueur sinistre jaillit de sa prunelle, et une ride profonde creusa son front.

— Le Cèdre-Rouge est un jaguar féroce, dit-il d’une voix sourde mais accentuée par la fureur ; il s’est fait le bourreau des Indiens, dont il veut les chevelures. Cet homme n’a de pitié ni pour les femmes, ni pour les enfants, mais il est sans courage ; il n’attaque ses ennemis que dans l’ombre, vingt contre un, et lorsqu’il est sûr qu’on ne lui peut résister.

— Mon frère connaît cet homme, je le vois.

— Et cet homme a enlevé la gazelle blanche ?

Les Indiens nommaient ainsi doña Clara, dans leur langage imagé et plein de poésie.

— Oui.

— Bon. Mon frère veut savoir ce que le Cèdre-Rouge a fait de sa prisonnière ?

— Je veux le savoir.

L’Indien se leva.

— Le temps se passe, dit-il ; l’Unicorne retourne