Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/305

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— Veuillez nous laisser seuls, mon ami, répondit l’étranger.

— Voulez-vous que je vous laisse ma lanterne ? Il commence à faire assez sombre, et quand on cause on aime assez à se voir.

— Bien, laissez-la ; je vous remercie. Vous m’ouvrirez lorsque je vous appellerai en frappant contre la porte.

— C’est bon, on le fera ; et il se tourna vers les condamnés, auxquels il dit d’un ton bourru : Eh ! seigneuries, voilà un prêtre, profitez-en pendant que vous le tenez ! Dans votre position, on ne sait pas ce qui peut arriver d’un moment à l’autre.

Les prisonniers haussèrent les épaules avec dédain sans répondre. Le geôlier sortit.

Lorsque le bruit de ses pas se fut éteint dans le lointain, le prêtre, qui, jusqu’à ce moment, était demeuré le corps penché en avant et l’oreille tendue, se redressa et marcha droit à don Miguel.

Cette manœuvre de l’étranger surprit les deux hommes, qui attendirent avec anxiété ce qui allait arriver.

La lanterne laissée par le geôlier ne répandait qu’une lueur faible et tremblotante, qui suffisait à peine pour distinguer les objets.

— Mon père, dit l’hacendero d’une voix ferme, je remercie celui qui vous a envoyé pour nous préparer à la mort, je désirais vivement remplir mes devoirs de chrétien avant d’être exécuté. Si vous voulez passer avec moi dans la chambre à côté, je vous confesserai mes fautes ; ce sont celles qu’un honnête homme commet d’ordinaire, car mon cœur est pur et je n’ai rien à me reprocher.

Le prêtre ôta son chapeau, saisit la lanterne et l’ap-