Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

procha de son visage pâle, dont les traits nobles et doux furent soudain frappés par la lumière.

— Le père Séraphin ! s’écrièrent les deux hommes avec un étonnement mêlé de joie.

— Silence ! commanda vivement le prêtre. Ne prononcez pas mon nom si haut, mes frères ; tout le monde ignore ma présence ici ; seul, notre geôlier est mon confident.

— Lui ! fit don Miguel avec stupeur, cet homme qui depuis un mois nous abreuve de dégoûts et d’humiliations !

— Cet homme est à nous désormais. Ne perdons pas de temps, venez, j’ai des moyens sûrs de vous faire sortir de la prison et de quitter la ville avant que l’on puisse se douter de votre fuite ; les chevaux sont préparés, une escorte vous attend ; venez, messieurs, les minutes sont précieuses.

Les deux prisonniers échangèrent un regard d’une éloquence sublime.

Puis le général Ibañez alla tranquillement s’adosser à une butaque tandis que don Miguel répondit :

— Merci, mon père ; vous avez entrepris la noble tâche de compatir à toutes les douleurs, et vous ne voulez pas manquer à votre mandat ; merci de la proposition que vous nous faites, mais nous ne pouvons l’accepter : des hommes comme nous ne doivent pas donner raison à leurs ennemis en fuyant comme des criminels. Nous avons combattu pour un principe sacré, nous avons succombé ; nous devons à nos compatriotes, nous nous devons à nous-mêmes de subir bravement la mort. Lorsque nous avons conspiré, nous savions fort bien ce qui nous attendait si nous étions vaincus. Encore une fois, merci ; mais nous ne sorti-