Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/32

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des chevaux, ou quelques arbres brûlés ou arrachés par des pillards, le mal était immédiatement réparé sans que le propriétaire eût besoin de se plaindre.

Cette conduite des Indiens n’avait pas laissé que de soulever contre don Miguel une jalousie extrême de la part des habitants, qui se voyaient ruinés périodiquement par les Indios bravos. On avait porté contre lui des plaintes vives au gouvernement de Mexico ; mais quels que fussent le pouvoir de ses ennemis et les moyens qu’ils avaient employés pour le perdre, le riche hacendero n’avait jamais été inquiété sérieusement, d’abord parce que le Nouveau-Mexique est trop éloigné de la capitale pour que ses habitants aient rien à redouter de ceux qui gouvernent, et qu’ensuite don Miguel était trop riche pour qu’il ne lui fût pas facile d’imposer silence à ceux qui étaient le plus disposés à lui nuire.

Don Miguel de Zarate, dont nous avons, dans un précédent chapitre, fait le portrait au lecteur, était resté veuf après trois ans de mariage, avec deux enfants, un fils et une fille, âgés, à l’époque où s’ouvre ce récit, le fils de vingt-quatre ans et la fille de dix-sept.

Doña Clara, ainsi se nommait la fille de don Miguel, était la plus charmante enfant qui se puisse imaginer ; elle avait une de ces têtes de vierges de Murillo, dont les grands yeux noirs ombragés de longs cils soyeux, le front pur et la bouche rêveuse, semblent promettre des joies divines ; son teint, légèrement bruni par les chauds rayons du soleil, avait ce reflet doré qui sied tant aux femmes de ces contrées intertropicales ; elle était petite, mais toute mignonne et toute gracieuse.

Douce et naïve, ignorante comme une créole, cette