délicieuse enfant était adorée par son père, qui voyait revivre en elle la femme qu’il avait tant aimée.
Les Indiens la suivaient des yeux, lorsque parfois elle passait pensive en effeuillant une fleur devant leurs misérables jacales (huttes), et courbant à peine les plantes sur lesquelles elle posait son pied délicat ; dans leur cœur ils comparaient cette frêle jeune fille, aux contours suaves et vaporeux, à la vierge des premières amours, cette sublime création de la religion indienne, qui tient une si grande place dans la mythologie aztèque.
Don Pablo Zarate, le fils de l’hacendero, était un homme de haute taille, fortement charpenté, aux traits durs et caractérisés, au regard hautain, bien qu’empreint de douceur et de bonté.
Doué d’une force peu commune, adroit à tous les exercices du corps, don Pablo était renommé dans toute la contrée pour son talent à dompter les chevaux les plus fougueux et la justesse de son coup d’œil à la chasse. Déterminé chasseur, hardi coureur des bois, ce jeune homme, lorsqu’il avait un bon cheval entre les jambes et son rifle à la main, ne connaissait pas, homme ou bête, d’ennemi capable de lui barrer le passage.
Le respect et la vénération qu’ils avaient pour le père, les Indiens, avec leur foi naïve, les reportaient sur le fils, en qui ils se figuraient voir la personnification de Huitzilopochtli, ce terrible dieu de la guerre des Aztèques auquel, lors de la dédicace de son teocali, soixante-deux mille victimes humaines furent sacrifiées en un seul jour.
Les Zarates étaient donc, à l’époque où commence cette histoire, de véritables rois au Nouveau-Mexique.