Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/34

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La félicité dont ils jouissaient fut tout à coup troublée par un de ces incidents vulgaires qui, bien que peu importants en eux-mêmes, ne laissent pas que de causer une perturbation générale et un malaise sans cause apparente, par cela même qu’il est impossible de les prévoir ou de les prévenir. Voici le fait :

Don Miguel Zarate possédait aux environs del Paso de vastes propriétés qui s’étendaient au loin, consistant pour la plupart en haciendas, en immenses prairies et en forêts.

Un jour, don Miguel revenait de faire, comme il en avait l’habitude, une visite à ses haciendas ; il était tard, et il pressait son cheval afin d’atteindre avant la nuit le gué de la rivière, lorsqu’à trois ou quatre lieues au plus de l’endroit vers lequel il se dirigeait, au moment où il allait entrer dans un épais bois de cotonniers qu’il lui fallait traverser avant d’atteindre le gué, son attention fut tout à coup attirée par des cris mêlés à des grognements qui partaient du bois dans lequel il allait s’engager.

L’hacendero s’arrêta afin de se rendre bien compte du bruit insolite qu’il entendait, et pencha la tête en avant afin de voir ce qui se passait.

Mais il lui fut impossible de rien distinguer au travers du chaos de lianes et de broussailles qui interceptaient la vue.

Cependant le bruit devenait de plus en plus fort, les cris redoublaient, mêlés à des jurons et des exclamations de colère.

Le cheval du Mexicain couchait les oreilles, renâclait et refusait d’avancer.

Cependant il fallait prendre un parti. Don Miguel pensa que peut-être un homme attaqué par les bêtes