Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/352

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— Adieu, don Melchior, ou quel que soit le nom qu’il vous plaise de porter.

L’inconnu ne répondit pas, il détourna la tête avec un geste de dédain et siffla.

Un peon sortit de la maison en tenant un cheval en bride.

D’un bond l’inconnu se mit en selle, puis il ordonna au domestique de se retirer.

— Adieu, compadre ; souvenez-vous de notre rendez-vous.

Et, lâchant les rênes de sa monture, l’inconnu s’éloigna au galop, sans daigner tourner la tête.

Le Cèdre-Rouge le suivit des yeux avec une expression de rage indicible.

— Oh ! murmura-t-il à voix basse, démon ! ne pourrai-je donc pas me délivrer de toi !

Et, par un mouvement rapide comme la pensée, il épaula son rifle et coucha en joue l’homme qui s’éloignait.

Tout à coup celui-ci fit faire une volte à son cheval, et, se plaçant bien en face du Cèdre-Rouge :

— Surtout ne me manquez pas, compère, cria-t-il en partant d’un éclat de rire qui fit perler une sueur froide aux tempes du bandit.

Celui-ci laissa tomber la crosse de son rifle à terre en disant d’une voix sourde :

— Il a raison, je suis fou ! Oh ! si j’avais les papiers !

L’inconnu attendit une minute calme et immobile ; puis il repartit et ne tarda pas à disparaître dans les ténèbres.

Le Cèdre-Rouge resta le corps penché en avant, l’oreille au guet, tant que le pas du cheval de l’inconnu se fit entendre ; alors il se dirigea vers son cheval, lui remit la bride et sauta en selle.