Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/360

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L’alferez allait donner l’ordre de retourner au camp, lorsque l’un des dragons lui fit voir à une assez courte distance, à travers les arbres, de grandes formes noires qui rôdaient et semblaient vaguer nonchalamment.

— Que diable cela peut-il être ? fit l’officier après avoir examiné attentivement ce qu’on lui montrait.

Caspita ! lieutenant, s’écria un des dragons, c’est facile à voir, ce sont des daims qui paissent.

— Des daims ! s’écria l’alferez, chez lequel l’instinct du chasseur se réveillait tout à coup ; ils sont au moins trente.

— Non, répondit le dragon, pas autant.

— Hum ! fit l’alferez, si nous pouvions en prendre quelques-uns !

— C’est difficile !

— Bah ! s’écria un autre soldat, il fait assez clair pour que nous leur envoyions chacun une balle.

— Gardons-nous de nous servir de nos carabines, s’écria vivement l’alferez ; si nos coups de fusil, répercutés par les échos, frappaient les oreilles des Indiens, qui sont peut-être embusqués dans les buissons, nous serions perdus.

— Comment faire alors ? demanda l’alferez.

— Les lasser, caspita ! puisque vous voulez tenter cette chasse.

— C’est vrai, s’écria l’alferez avec joie, je n’y avais pas songé.

Les dragons, charmés de cette occasion qui s’offrait à eux de se livrer à leur passe-temps favori, mirent pied à terre, attachèrent leurs chevaux aux arbres du chemin et saisirent leurs lassos.

Ils s’avancèrent alors en silence du côté des daims en ayant soin de prendre le dessus du vent, afin de ne