Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/361

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pas être dépistés par l’odorat subtil des intelligents animaux qu’ils voulaient atteindre.

Ceux-ci continuaient à brouter insoucieusement, marchant de côté et d’autre, sans paraître se douter qu’ils avaient des ennemis près d’eux.

Arrivés à une courte distance des daims, les dragons s’écartèrent les uns des autres, afin de pouvoir facilement faire tournoyer leurs lassos au-dessus de leur tête avant de les lancer, et, marchant avec précaution pour ne pas produire le moindre bruit, se courbant et se faisant un rampart du tronc de chaque arbre, de crainte d être aperçus, ils parvinrent ainsi à quinze ou vingt pas des animaux qui broutaient toujours.

Là ils s’arrêtèrent, échangèrent un regard entre eux, calculèrent avec soin la portée de leurs coups, et, sur un signe de leur chef, ils jetèrent les lassos.

Mais alors il se passa une chose étrange.

Toutes les peaux de daim tombèrent à la fois sur le sol pour faire place à Valentin, à Curumilla et à une dizaine de guerriers comanches qui, profitant de la stupeur des soldats à cette métamorphose extraordinaire, chassèrent les chasseurs en leur jetant, à leur tour, sans perdre de temps, chacun un lasso sur les épaules et les renversant à terre.

Les dix dragons et leur chef étaient prisonniers.

— Eh ! eh ! compagnons, fit Valentin en ricanant, comment trouvez-vous cette plaisanterie-là ?

Les dragons atterrés ne répondirent rien et se laissèrent garrotter en silence.

Un seul murmura entre ses dents :

— J’étais bien sûr que cette scélérate de hulotte nous porterait malheur ! elle avait chanté à notre gauche. Ça ne trompe pas, cela ! Canarios !